La Turmelière : un poète, trois châteaux

Le premier château de la Turmelière : du Moyen-Âge aux guerres de Vendée

Le nom «Turmelière» vient des «tours meulières», autrement dit des moulins, alors foisonnants sur le territoire.
On trouve pour la première fois mention de La Turmelière au Moyen-Âge dans un texte datant de 1285. Bastion avancé en Anjou de la forteresse de Châteauceaux (aujourd'hui Champtoceaux), faisant face au château d'Ancenis sur l'autre rive de la Loire, La Turmelière est, au Moyen-Âge, une place forte à l'importance militaire indéniable. Au sein du parc de La Turmelière, subsistent aujourd'hui encore les ruines imposantes de cette forteresse.
Au XVème siècle, Perceval Chabot, seigneur de l'époque, entreprend des travaux visant à transformer le château-fort en manoir.
En 1504, l'héritière de La Turmelière, Renée Chabot, épouse Jean Du Bellay. L'un de leurs enfants, Joachim Du Bellay, deviendra l'un des plus célèbres poètes de La Renaissance.Né à la Turmelière en 1522, Joachim Du Bellay y passe toute sa jeunesse avant de partir pour Poitiers, Paris et Rome, et de revenir à Paris où il meurt à l'âge de trente-huit ans, loin de la Loire et de son village natal qui lui ont inspiré un vif attachement et de si nombreux vers.

La Turmelière appartient à la famille du Bellay jusqu'au milieu du XVIème siècle. A la mort du neveu de J. Du Bellay, Catherine, la sœur du poète, mariée à Christophe Du Breil, devient la seule héritière du domaine. Les Du Breil resteront maîtres des lieux jusqu'en 1643.

La chapelle située à l'entrée des ruines, ainsi que le pigeonnier seront construits par Marie du Breil au XVIIème siècle. Suite à l'union de cette dernière avec Jean de La Bourdonnaye, La Turmelière passe aux mains de cette nouvelle famille jusqu'à la fin du XVIIIème siècle.

En 1772, le seigneur de la Bourdonnaye, marquis de Liré, totalement ruiné, doit vendre ses terres à Pierre Thoinnet, riche commerçant d'Ancenis.
Lorsqu'en 1793 arrivent les guerres de Vendée, Liré est entièrement dévasté et les Républicains, pourchassant les armées vendéennes, pillent et incendient le château de la Turmelière. Il ne sera jamais reconstruit.

«[...] plus mon petit Lyré que le mont Palatin
Et plus que l'air marin la douceur angevine.»
Les Regrets, sonnet 31

Le deuxième château de la Turmelière :

La veuve d’Eutrope, revenue à Liré après les guerres de Vendée fait construire avec les matériaux du château détruit une nouvelle demeure. Ce deuxième château se trouvait à l’emplacement de la terrasse sud du château actuel, et était précédé de larges avenues et de beaux massifs de verdure.

Le troisième château de la Turmelière

Charles Thoinnet, petit-fils d'Eutrope et nouvel héritier de La Turmelière, naît à Ancenis en 1824 et effectue une brillante carrière politique, devenant l’un des plus fidèles serviteurs de Napoléon III. En 1860, il épouse Adèle Velpeau, fille du célèbre chirurgien Velpeau à qui l’on doit la fameuse bande élastique qui porte son nom. Cette union augmente considérablement la fortune de Charles Thoinnet. En 1873, Charles Thoinnet obtient le titre de comte de La Turmelière.
Alliés à la grande bourgeoisie de la région, fréquentant la noblesse des environs, et ayant de hautes relations dans le monde politique et financier, le comte et la comtesse Thoinnet habitent l’hiver leur hôtel de Paris, et l’été leur château de Liré où ils mènent grand train.
Ensemble, ils prennent la décision de détruire le château de naissance du Comte (second château dans l'histoire de La Turmelière). Il ne reste aujourd’hui plus de traces visibles de cette construction, seule la porte d'entrée subsiste sur le domaine, ayant été déplacée à l'entrée de la chapelle des ruines.

Un autre château est bâti en 1887, il s'agit de l'actuel château de La Turmelière, copie « inspirée » du château de Beaumesnil, en Normandie. L’édifice n’est pas encore terminé lorsque le comte Charles Thoinnet meurt à Paris. Il ne vivra donc jamais dans cette demeure imposante, mais ses initiales (C.T.T.) figurent un peu partout à l’extérieur et à l’intérieur du château.
Le comte a également fait aménager les ruines du château-fort en jardin (grottes artificielles, cascades, plantations en terrasse).
Le fils unique du comte, Pierre Thoinnet, sera jusqu'à sa mort conseiller général d'Ancenis. Comme ses parents, il habite tantôt Paris, tantôt son château de Liré. C'est là qu'il meurt, célibataire, en 1920. Le château et son parc sont par la suite achetés par un notable nantais.
(D'après l'ouvrage de Robert BREVET, «petit Lyré de Joachim du Bellay»)
La Turmelière après-guerre : Occupée par les Allemands en 1939-45 et très endommagée, la propriété est acquise par souscription en 1945 par la Fédération des Amicales Laïques de Loire-Atlantique. Cette dernière y crée un aérium école devenu en 1982 un I.R.P. (institut de rééducation et de psychothérapie). En 1986, le château étant devenu trop étroit pour le nombre de pensionnaires, l'IRP a été déplacé dans des bâtiments construits autour du château, il est aujourd'hui l'E.M.S. La Turmelière (Etablissement Médico-Social).Le château est actuellement occupé par l'Association La Turmelière

La Turmelière aujourd’hui

Aujourd'hui existe sur le site une activité relevant du tourisme social et associatif gérée par l'association La Turmelière
L'association La Turmelière, affiliée à la Ligue de l'Enseignement, a été créée en 1988. Tout en étant acteur du développement local, elle gère un centre d'accueil : un hébergement de 130 lits et un Point Accueil Jeunes de 50 places, un service de restauration, des activités qui privilégient l'approche pluridisciplinaire (éducation à l'environnement vers un développement durable, pratiques sportives et pratiques culturelles).
Tout au long de l'année, le château de La Turmelière accueille des séjours scolaires, des classes de découverte, des stages sportifs ou culturels, des fêtes de famille,...
Centre du Patrimoine littéraire, l’Association La Turmelière organise également des résidences d’écrivain et des manifestations variées autour de la littérature.